Article paru dans le magazine DELANO page 24-25 (décembre 2015)
La méthode d’intervention d’Anatol Pikas est basée sur des entretiens individuels centrés sur les harceleurs selon une approche non blâmante. Parce qu’il est également un dysfonctionnement de l’apprentissage de la relation à l’autre, le harcèlement est inhérent à l’expérimentation de la sociabilité. « Anatol Pikas considère que des enfants tout à fait ordinaires, bons élèves et bien élevés, peuvent parfaitement se trouver impliqués dans des faits de harcèlement car le school-bullying (harcèlement à l’école) est d’abord une affaire de groupe ».
« Si des enfants se retrouvent du côté du harceleur, c’est d’abord, selon Pikas, parce qu’ils n’ont pas pu, ou pas su, faire autrement. Sa méthode va donc s’employer à défaire la dynamique du groupe qui a provoqué le harcèlement et à faire naître chez les enfants un sentiment d’intérêts communs face aux conséquences du harcèlement pour la victime ».
La démarche mise au point par Anatol Pikas concerne donc surtout les harceleurs. Il préconise une série de rencontres entre les adultes de l’établissement et les harceleurs, pris individuellement avec pour objectif de revenir sur les faits, les reconnaître, lancer des actions pour remédier à la situation, et faire en sorte que la victime n’en soit plus une. Par ailleurs, on ne blâme pas les harceleurs, on ne les culpabilise pas, on ne les sanctionne pas. Il s’agit de chercher à instaurer un climat calme, serein et de bonne entente entre les élèves, sans pour autant qu’ils ne deviennent amis.
Jean-Pierre Bellon pratique cette méthode au sein de son établissement scolaire de Clermont-Ferrand. Selon lui, « Cela prend du temps, et cela dépend du type de harcèlement ». Mais les résultats sont là : plus de 70% des cas de harcèlement sont résolus grâce à cette technique, fait-il valoir.